En considérant que le vrai niveau des grands clubs se juge surtout à travers leurs performances lors de la phase à élimination directe de la Ligue des Champions, il est prématuré d’affirmer que le Bayern de Munich est redevenu un épouvantail continental. Toutefois, s’il y a bien une vérité que personne n’est en mesure de contester aujourd’hui concernant l’équipe bavaroise c’est qu’elle est de nouveau impériale dans son championnat. Depuis le mois de septembre, les Munichois se sont métamorphosés. Et pour comprendre la raison de ce rebond, il n’y a pas à chercher midi à quatorze heures ; le retour sur le banc de Jupp Heynckes a été prépondérant.
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Appelé à la rescousse de l’équipe suite au limogeage de Carlo Ancelotti, au lendemain de la déroute contre le PSG en Ligue des Champions (0-3), le chevronné technicien a fait plus que répondre aux attentes. Bien qu’à la retraite à ce moment-là depuis un an et demi, il a vite retrouvé ses repères et la recette qui marche. Celle-là même qui lui avait permis de mener le club à un historique triplé en 2013. Mais, concrètement, comment a-t-il remis le navire à flot ? Quelles ont été ses principales manœuvres en tant qu’entraineur et aussi comme meneur d’hommes ?
Avec lui, le groupe est redevenu uni
La première chose qu’Heynckes s’est attelé à faire lorsqu’il est revenu au Bayern c’est de panser les plaies d’une équipe en plein doute et qui commençait à se diviser. Avec le vécu qui était le sien, il savait que c’était la seule façon de réussir est de faire adhérer tout un groupe à son projet. Lors de sa première conférence de presse, il a déclaré : « je dois d’abord former une équipe de nouveau, où chacun travaille pour l’autre, en faisant régner le respect et la solidarité ». Ce discours est passé, et des joueurs comme Franck Ribéry, Arjen Robben et Jérome Boateng, qui n’étaient pas très fans de la méthode Ancelotti, ont vite été séduits. L’intelligence qu’a eue Heynckes c’était aussi de redonner aux tauliers de l’équipe la considération qu’ils avaient perdue. « Tout le monde a été content de son retour. Pas seulement les joueurs, mais aussi la direction, le département média et même les journalistes », nous révèle Niklas Koenig, rédacteur de 'Goal Allemagne'.
Une fois qu’il a senti tout le monde investi, l’entraineur double champion d’Europe a insisté sur la notion du travail. Et pour ce point-là, il n’a pas eu à forcer grand monde, ni à hausser la voix. Les Robben et cie se plaignaient de ne pas bosser assez sous Ancelotti. « Il a intensifié les séances d’entrainement et offert plus de variété et de qualité. Et pour cela, les deux adjoints qu’il a fait venir, à savoir Peter Hermann et Gerland, ont été très importants », précise Koenig.
Le replacement de Javi Martinez en milieu, un choix gagnant
Tactiquement, le principal choix de Heynckes a été de remettre Javi Martinez à un poste de sentinelle. Le Basque ayant presque exclusivement joué comme arrière central sous la houlette de l’entraineur italien. Ce replacement a redonné de la consistance en milieu de terrain à l’équipe et aussi permis la reconstitution de l’excellent duo Mats Hummels-Jérome Boateng derrière. Tout le monde y trouvait son compte et le constat aujourd’hui est que chacun se montre à la hauteur, à commencer par le joueur basque. Ce dernier est redevenu un élément important, le garant de l’équilibre général. Comme c’était le cas à l’époque de Pep Guardiola.
Il a relancé plusieurs joueurs qui étaient dans le dur
Heynckes connait très bien le Bayern et une bonne partie des joueurs qu’il a trouvés à son arrivée étaient déjà sous ses ordres lors de son précédant passage au club. On croyait que ces derniers auraient ses faveurs par rapport aux recrues arrivées plus tard. Il n’en a rien été. Le très respecté technicien a donné sa chance à tout le monde, sans aucune discrimination. « Des joueurs qui commençaient à stagner sous Ancelotti sont devenus meilleurs avec lui, comme Kingsley Coman, Arturo Vidal, Thomas Muller, David Alaba, James Rodriguez et Niklas Sule. Et, ce qu’il y a de plus marquant, c’est qu’il n’y a eu aucun « perdant » en fin de compte », indique Koenig.
Il a instauré un turn-over gagnant
Après avoir remporté quelques matches, Heynckes a fait le choix de faire tourner d’une rencontre à l’autre. Une rotation qui a été bénéfique à tout le monde. Elle était aussi préventive pour ménager les susceptibilités et éviter de provoquer une rupture avec le banc. « C’est la plus grande différence avec Ancelotti. L’équipe de départ fonctionnait bien avec l’Italien, mais lorsqu’il changeait, ça ne donnait pas le même résultat. Avec Heynckes, ça fonctionne quels que soient les hommes sur le terrain », relate notre intervenant.
Un bilan presque parfait
Résultat des courses ; depuis que Heynckes est revenu, le Bayern de Munich a remporté 16 matches sur 17, et n’en a perdu qu’un seul. L’unique revers était celui face au Borussia M’Gladbach, en fin d’année dernière à un moment où les joueurs commençaient à tirer la langue à cause de la répétition des matches. Durant cette période, le champion d’Allemagne a aussi signé quelques jolis coups comme la belle victoire lors du deuxième match contre le PSG. Vainqueurs 3 à 1, Lewandowski et ses coéquipiers ont impressionné par le jeu collectif et leur détermination. Des vertus qui tranchaient avec ce l’équipe montrait en tout début de saison.
À présent, personne ne doute en Allemagne de la capacité du Bayern à retrouver le sommet. Avec Heynckes, cette équipe est indiscutablement sur la bonne voie. La question qui se pose plutôt c’est : est-ce que l’intéressé va accepter de poursuivre sa mission au-delà de la saison en cours ? Ses responsables souhaiteraient qu’il rempile, mais lui écarte totalement cette option aujourd’hui. Un nouveau triplé en mai prochain le fera-t-il changer d’avis ?