Cette nouvelle réglementation est censée limiter l'inflation galopante des mercatos.
Il y a deux semaines, le Franco-Congolais déclarait qu'il quittait l'Espagne pour la richissime Super League chinoise (CSL). Pourtant, le club pékinois entretient depuis le mystère et le transfert n'a toujours pas été enregistré. Après avoir publié une photo du joueur à l'entraînement tout en refusant de confirmer son identité, le club a ajouté à la farce en permettant au buteur de marquer lundi en match amical...
Pourquoi joue-t-il ainsi à cache-cache ? Selon des experts et les médias chinois, c'est tout simplement parce que Guoan discuterait gros sous avec la fédération (CFA) pour éviter de s'acquitter de la nouvelle taxe instaurée en mai 2017 et qui frappe tous les transferts des joueurs étrangers supérieurs à 45 millions de yuans.
Ceci afin de contrôler les dépenses pharaoniques des nouvelles places fortes de l'eldorado chinois et accessoirement faire de la place aux joueurs du cru. Les sommes récoltées via cette imposition doivent d'ailleurs abonder un fond dédié au football amateur chinois.
Dans un premier temps, la mesure a eu les effets escomptés puisque seul le transfert d'Anthony Modeste de Cologne à Tianjin Quanjian, relativement anonyme, a animé le mercato estival.
Un été d'autant plus doux que l'hiver 2017, lors duquel 388 millions d'euros avaient été dépensés par les clubs chinois, que l'ex-attaquant de Bordeaux a en fait été prêté deux ans.
Un dispositif qui a ainsi permis à Tianjin d'économiser la fameuse taxe et ouvert du même coup la voie à une kyrielle de stratégies de contournements.
"Personne ne sait ce qui va maintenant se passer", analyse ainsi Ji Zhe, directeur d'une société de marketing sportif basée à Londres et grand connaisseur du football chinois. "Il pourrait y avoir des négociations avec la CFA débouchant sur un nouvel accord qui balayera sous le tapis le précédent. Si c'est le cas, la CFA prend le risque que les autres clubs ne respectent pas les règles et elle perdrait ainsi le contrôle".
A l'ouverture du mercato le 1er janvier, la Fédération est pourtant montée au créneau pour défendre sa mesure phare et a prévenu ses clubs qu'elle ne supporterait aucun "comportement échappatoire".
Désireux néanmoins de recruter un attaquant étranger, le club pékinois s'est intéressé à Bakambu. Même si personne ne semble réellement savoir par qui, des sources en France et en Espagne assurent que 40 millions d'euros ont bien été versés pour libérer le joueur de son contrat. Vendredi, une source proche du joueur expliquait à la 'BBC' que c'était le nouvel employeur de l'attaquant qui avait réglé l'ardoise pour s'exonérer de la taxe...
Autant de raisons qui incitent toutes les parties concernées à essayer de garder le silence malgré la communication maladroite du club.
"Les formations chinoises n'ont tout simplement pas encore appris comment l'influence des médias, et pas uniquement en Chine, aidait ou perturbait ces transactions, estime ainsi M. Ji. Dans ce cas, il n'y avait à l'évidence pas de plan com' ou de relations presse prévu. Publier des photos du joueur sur le site avant la moindre officialisation, c'est soit de l'incompétence totale, soit une façon de prendre la température avec la CFA".
"C'est la vraie épreuve du feu pour cette réglementation, synthétise Mark Dreyer, le prophétique spécialiste des méthodes douteuses du monde des affaires sportives en Chine. Mais soyez certains que si la stratégie de Guoan ne marche pas, les clubs chercheront d'autres failles".