"Ce ne sont pas vraiment des matches amicaux", dit le maître de ballet du Real Madrid et de la 'Mannschaft' : "On veut gagner contre la France évidemment. L'Allemagne veut des affiches de haut niveau pour se préparer, on jouera mardi comme si c'était une compétition officielle."
Victime d'un dérangement intestinal, il a été ménagé vendredi contre l'Angleterre (0-0) mais sera titulaire à Cologne contre les Bleus, a annoncé son sélectionneur Joachim Löw.
Moins médiatisé -- et par tempérament plus réservé -- que ses coéquipiers de club, notamment le trio Ronaldo-Bale-Benzema, ce talent de 27 ans est pourtant l'un des meilleurs joueurs du monde actuellement, champion du monde 2014 et triple vainqueur de la Ligue des champions, avec le Bayern Munich (2013) et le Real (2016-2017).
Löw et le capitaine de la sélection Manuel Neuer ont d'ailleurs dévoilé avoir voté pour lui pour le titre de joueur Fifa de l'année, remporté par Cristiano Ronaldo.
'Il donne le tempo'
Le grand public, généralement plus fasciné par les attaquants, pourra mieux découvrir sa face cachée lors de la sortie (annoncée pour 2019) d'un documentaire du réalisateur allemand Leopold Hoesch, consacré à sa vie et à sa carrière. Kroos espère d'ici là être devenu double champion du monde.
Car sauf blessure, il sera du voyage en Russie. Löw a déjà annoncé que "quelques joueurs ont une place assurée", mais il n'en a cité que deux: l'arrière central du Bayern Mats Hummels, et Kroos.
Les autres piliers de l'équipe vont devoir soit retrouver leur forme après des blessures longues (Neuer, Boateng), soit rehausser leur niveau de jeu après une dernière année mitigée (Özil, Khedira, Müller).
"Toni", lui, est incontournable: "C'est lui qui nous donne le tempo, c'est l'un des joueurs les plus importants de l'équipe", explique son coéquipier Jérôme Boateng.
Positionné assez bas, actif défensivement, il est la plaque tournante par qui transitent la plupart des relances, et dont les passes longues survolent ou coupent les lignes de défense adverses.
'Jamais vu un joueur aussi cool'
Peu d'entraîneurs connaissent aussi bien le Madrilène que Jupp Heynckes, l'actuel coach du Bayern Munich, qui a remporté avec lui la Ligue des champions 2013.
"Il dégage un calme incroyable", loue le technicien de 72 ans, "sa vision du jeu est phénoménale, il donne parfois l'impression d'avoir des yeux dans le dos (...) Il a perfectionné son style au cours de sa carrière et joue un football extrêmement élégant".
Compliments que Löw résuma un jour d'une formule plus concise: "Je n'ai jamais vu un joueur aussi cool".
"Le stress, je ne sais pas ce que c'est", confiait Kroos lui-même avant l'Euro-2016 en France: "Je pense que c'est mon secret et la raison pour laquelle j'arrive à jouer à mon niveau".
Au soir du triomphe historique contre le Brésil, 7-1 en demi-finale du Mondial-2014, sa première réaction avait été de dire: "Champion du monde, personne ne l'a jamais été en demi-finale". Difficile de garder la tête plus froide...
Né le 4 janvier 1990 (deux mois à peine après la chute du mur de Berlin) dans le nord laborieux de ce qui était pour quelques mois encore la RDA communiste, Kroos est aujourd'hui le seul joueur allemand à avoir gagné trois fois la Ligue des champions nouvelle formule.
Champion du monde, il ne manque à son palmarès qu'un Euro pour être l'égal des plus grands. Son rêve s'est brisé en juillet 2016 en demi-finale contre... la France.