La passation de pouvoir était annoncée mais on ne l’imaginait pas aussi soudaine et brutale. Le 14 juillet dernier, le transfert de Leonardo Bonucci à l’AC Milan était acté en 24 heures et l’institution turinoise montrait qu’elle était intouchable, même face à l’un de ses meilleurs éléments. L’international italien de 30 ans avait eu plusieurs désaccords l’an passé avec l’entraîneur, Massimiliano Allegri et n’avait pas hésité à le faire savoir, arrivant ainsi à un point de non-retour avec le club où il a remporté six Serie A consécutives.
Pour l’instant, Bonucci n’a pas été remplacé dans l’effectif. L’option d’achat pour Medhi Benatia a été levée. La 'Vieille Dame' se retrouve donc à un peu moins de trois semaines de la clôture du mercato avec quatre défenseurs centraux : Benatia, Barzagli, Chiellini et Rugani. Ce dernier pourrait profiter de ces circonstances pour s’affirmer de plus en plus et prendre de l’importance dans le groupe turinois.
32 rencontres de Serie A en deux saisons
Pur produit du centre de formation d’Empoli, Rugani a côtoyé pendant une saison la Juventus (2012-2013) où il ainsi souvent évolué en Primavera. C’est tout de même avec la formation toscane qu’il fait ses premiers pas en pro, d’abord en Serie B, puis dans l’élite du football italien. C’est un certain Maurizio Sarri, aujourd’hui entraîneur de Naples, qui lui offre ses premières apparitions en août 2013.
Le technicien italien apprécie ce profil assez atypique chez les U19 des 'Azzurri' : longiligne, appliqué dans la relance et assez élégant sur le terrain. Il ne lui reste qu’à s’aguerrir physiquement et être plus concentré dans les duels pour franchir un cap. Il ne lui suffira que de six mois en Serie A pour convaincre la Juventus de l’enrôler. Acheté pour cinq millions d’euros, il termine la saison en prêt avec son club formateur.
Été 2015, Rugani intègre définitivement l'effectif professionnel de la 'Vieille Dame'. D’emblée il sait qu’il part pour être remplaçant et sera utilisé dans la rotation notamment pour les rencontres avant/après Ligue des Champions. En tout, il joue 41 rencontres de 2015 à 2017, dont la grande majorité en Serie A (32). Le natif de Sesto di Moriano (Toscane) participe à sa manière aux deux titres de Serie A remportés par une machine turinoise qui écrase tout sur le plan national depuis maintenant six saisons.
Un patron qui s’ignore ?
Une nouvelle ère s’ouvre en défense pour la 'Vieille Dame' et Rugani a conscience d’avoir un rôle à jouer. À l’aise dans une arrière-garde à deux ou trois éléments, le stoppeur de 23 ans s’attend à beaucoup plus être mis à contribution. "Je sais que ce sera une grosse année pour moi, a-t-il confié sur le site officiel de la Juve. C’est ma troisième saison ici et je travaille dur de jour en jour pour mériter ma place ici car j’ai des responsabilités. Je ferais tout pour être à 100% et garder ce niveau d’exigence."
Aux côtés de Barzagli (36 ans), Chiellini (32 ans) et Benatia (30 ans), il incarne inévitablement la jeunesse de la 'Vieille Dame'. Vu la sèche défaite en finale de la Ligue des Champions face au Real Madrid, le club turinois a besoin de sang neuf pour entamer un nouveau cycle et régénérer son effectif. Rugani a le profil pour être un renfort sans en être véritablement un, lui qui connaît désormais bien les mécanismes de ce club.
Il y a deux ans, Allegri avait confié à 'Goal' ce qu’il attendait de Rugani dans sa progression. "Daniele a un avenir brillant devant lui, mais le club a trois ou quatre des meilleurs défenseurs en Europe. Bien sûr, Rugani est l'avenir de la Juventus. Il a besoin de patience et doit continuer à travailler." Cette patience semble arriver aujourd’hui à son terme. Face à la Lazio, ce dimanche soir, en Supercoupe d’Europe, Rugani a une occasion unique de montrer que son heure est arrivée.