Si l'avenir à la tête du club breton du président René Ruello et de l'entraîneur Christian Gourcuff a viré au feuilleton, les trois victoires toutes compétitions confondues alignées par Rennes, pour vilaines qu'elles furent, constituent un rebondissement des plus surprenants.
"Ce qui a changé ? Une part de réussite, un but qu'on marque, un qu'on ne prend pas…", a relativisé un Christian Gourcuff pragmatique devant les six points pris en deux journées, soit autant qu'en neuf matches avant cela.
"La confiance s'était effritée avec nos résultats difficiles. Elle se reconstruit", a glissé l'ancien coach de Lorient, qui admet toutefois qu'il reste encore à la "recherche d'une assise défensive qu'on avait l'année dernière".
L'entraîneur de Rennes a aussi salué le rôle des jeunes dans ce renouveau automnal: "Léa-Siliki, Hunou, Brandon et Gélin apportent leur plus, leur fraîcheur, leur envie. Brandon a beaucoup de générosité, de niaque… Et il est comme ces jeunes qui n'étaient pas responsables de ce début de saison et qui ont donc apporté cette fraîcheur".
'Caduque'
"Il n'y a pas vraiment eu de déclencheur, on n'a pas lâché surtout (...) Après, tout ce qui se passe en dehors ne nous concerne pas… On est vraiment restés concentrés", a assuré de son côté le capitaine Benjamin André.
Mais signe que tout n'est pas réglé en coulisse, loin de là, l'avenir de Christian Gourcuff, sous contrat jusqu'en 2019, est de nouveau revenu jeudi sur le tapis, avec une direction de club qui pourrait changer dans les tout prochains jours.
"Dans le fond, il n'y a rien de changé. Avoir gagné trois matches ne change pas la donne: ou je travaille bien ou je ne travaille pas bien ! Je n'ai pas changé de méthodes, de philosophie", a martelé le technicien, inflexible.
"Je suis venu pour un projet de club, de développement, pas pour avoir un poste. Si le projet ne correspond plus, cela coulera de source que ma présence sera caduque", a-t-il encore asséné.
Du côté des Girondins, on préfère relativiser la mauvaise passe actuelle tout en étant conscient de sa portée. "On est en manque de résultats, ce n'est pas conforme à ce que l'on veut", reconnaît l'entraîneur Jocelyn Gourvennec.
Amiens = Gérone
Sur les trois revers concédés lors des quatre dernières journées, les deux premiers l'ont été contre des adversaires qui ne réussissent pas à ses hommes depuis son arrivée sur les bords de la Garonne, Paris SG (2-6) et Monaco (0-2).
"On est surtout en manque de points parce qu'on s'est fait accrocher par Nantes (1-1) avec des faits de jeu (deux interventions litigieuses dans la surface sur Lerager et Malcom non sifflées, ndlr) qui ne sont pas pour nous et on a manqué notre match contre Amiens (0-1)", a-t-il pointé.
"On l'a vu aussi ce week-end, le grand Real Madrid se fait battre à Gérone, qui est l'équivalent d'Amiens pour l'Espagne. Les accidents peuvent arriver, même aux plus grands. C'est ça qui peut créer un peu de trouble", poursuit le technicien.
Selon les Bordelais, il n'y a ni crise, ni doutes. Le contenu, l'investissement proposé malgré la défaite contre Monaco, en attestent. "Des doutes, c'est un bien grand mot", confie d'ailleurs le gardien et ancien Rennais Benoît Costil.
Briser cette spirale négative passera nécessairement par une prise de points en Bretagne, à condition selon Gourvennec "d'être plus spontané, plus fluide dans les 30 derniers mètres, que les joueurs se fassent confiance, qu'ils prennent leur destin en mains et qu'ils ne laissent pas les événements extérieurs guider les choses. Ça passe par là". Quitte à "gagner moche".