'Goal' a rencontré Mesut Özil à Londres dans le restaurant préféré du meneur des 'Gunners', et a évoqué de nombreux sujets. de sa capacité à créer le jeu à ses débuts en passant par son atittude, jugée parfois trop nonchalante par certains observateurs et supporters.
S'il affectionne les restaurants turcs, c'est parce qu'il est fier de ses origines : "J'en suis très, très fier oui. Je suis aussi turc moi-même. Mes deux parents le sont. Je suis né en Allemagne et j'ai grandi là-bas. En jouant au football, j'ai connu différentes cultures et c'est un avantage quand vous grandissez en tant que personne. Vous avez une vue différente sur certaines choses. Je suis reconnaissant d'avoir pu prendre le meilleur de certaines cultures", a-t-il expliqué au Likya Ocakbasi Restaurant de Londres.
Dans sa nouvelle autobiographie "Gunning For Greatness", il détaille sa montée en puissance et son évolution personnelle, des terrains en ciment d'Allemagne au Mondial 2014.
“Je n'ai jamais voulu être le centre d'attention. Oui, aujourd'hui tout le monde me reconnaît. Mais j'ai toujours voulu rester avec les miens. C'était aussi comme ça à l'école, mais j'avais toujours le foot dans un coin de ma tête. Je suis tout simplement comme ça. J'adore jouer", a dit le joueur allemand.
“J'ai toujours été calme, je ne me suis jamais laissé influencer par qui que ce soit et je sais de quoi je suis capable. Je sais très bien qui je suis et qui me soutient. Oui, il est clair que quand on est un grand joueur, l'intimité est restreinte. Mais j'essaie de passer le plus de temps possible avec mes amis et ma famille. J'essaie de profiter de la vie", ajoute Özil.
Özil a grandi à Bulmke Hullen, une petite enclave turque de Gelsenkirchen. Si sa mère était un agent d'entretien et son père ouvrier, le petit Mesut n'a jamais manqué de rien et a passé une enfance heureuse. Il évoque la fameuse 'affenkäfig', ou "cage à singes". Un terrain de ciment au sein duquel il jouait enfant. De quoi lui permettre d'acquérir une grande maîtrise dans les petits espaces : "C'était précieux pour mon développement, car je jouais contre des garçons plus grands et si vous tombez sur du ciment, vous saignez immédiatement. Il fallait avoir du talent."
"Beaucoup d'enfants et de parents me demandent aujourd'hui comment c'était. Et c'est un message que je veux transmettre à travers mon livre : il faut s'amuser. Si vous avez du talent et un peu de chance, vous tracerez votre route et personne ne pourra vous stopper. Vos rêves pourront devenir réalité."
Le milieu des 'Gunners' évoque les différences entre le foot allemand et anglais au niveau international : "De jeunes joueurs arrivent tout le temps. Et ils ont la chance d'être en équipe première en Allemagne. J'aurais souhaité que ce soit également le cas en Angleterre. Oui, les droits TV permettent d'acheter n'importe qui. Mais regardez la Bundesliga et la sélection. Cela prouve qu'on peut réussir avec des jeunes."
Il a créé plus de buts que n'importe quel autre joueur de Premier League la saison dernière et peut se targuer d'avoir 12 buts et 12 "assists" cette saison (toutes compétitions confondues).
“J'ai joué pour pas mal de clubs, mais avoir sa propre chanson chantée par un supporters à Tokyo est quelque chose d'unique pour moi. Quand je l'ai entendue pour la première fois, j'ai eu la chair de poule et c'est toujours le cas."
Il a aussi parlé de ce but magnifique contre Ludogorets en Ligue des champions. Le joueur allemand pense aussi que c'est son plus beau.
“Je suis fier de quelques uns de mes buts, mais celui marqué contre Ludogorets était comme sur PES ! Passer trois ou quatre adversaires et marquer. Quand je visionne ce but, je me dis que c'est le plus beau de ma carrière."
Özil est par contre, beaucoup moins euphorique au moment d'évoquer la récente humiliation subie par Arsenal face au Bayern en Ligue des champions. À l'époque, la performance du 'Gunner' avait été très critiquée : "Certains m'apprécient, d'autres moins. certains se basent sur mon langage corporel pour conclure que je suis nonchalant. Mais je suis juste comme ça. Je ne peux pas changer drastiquement mon style désormais. On a toujours eu de grandes attentes me concernant. Car je peux faire la différence. Il faut vivre avec ça. Il y aura toujours des critiques comme des louanges. Ce qui m'importe, c'est ce que me dit le manager. Les gens disent que ne je cours pas assez. Que je ne pousse pas. Mais regardez mes chiffres, vous verrez que ce n'est pas vrai. Contre le Bayern la déception était énorme. Surtout qu'on était à 1-1 à la pause. Nous étions amers à la fin. Nous savions que ça allait être très dur au retour. Bien sûr, on y croyait avant le match et je ne voyais pas le Bayern aussi fort que lors des années précédentes. La déception était grande, car je pense que nous avions le potentiel d'aller loin."
Pour Özil , la pression vécue au Real Madrid est incomparable : "Au Real, il faut gagner chaque match. Un nul, même contre le Barça, est un échec. En tant que jeune, il faut avoir d'emblée cette mentalité. José Mourinho m'a beaucoup aidé et soutenu sur cet aspect. J'ai vécu pas mal de bons moments au Real et j'y ai pas mal d'amis".
Nous avons, bien sûr, posé la question, épineuse, du contrat à Özil. Sa décision de prolonger ou non dépendra-t-elle exclusivement de l'avenir d'Arsène Wenger ? “Non, cela ne dépendra pas juste du manager", dit-il. “Bien sûr, c'est lui qui m'a convaincu de rejoindre Arsenal et a été le facteur principal de ma venue. C'est un entraîneur très expérimenté qui a fait d'Arsenal une équipe connue dans le monde entier. Il faut le respecter, car c'est un grand manager. Ce n'est pas moi qui décide s'il reste ou pas. Ce qui m'intéresse, c'est que l'on se développe en tant qu'équipe et que l'on atteigne nos objectifs".
Dans son livren Özil affirme que son agent lui a présenté une offre vertigineuse venue de Chine et qu'il l'a refusée : “Pour moi, l'argent ne joue pas un grand rôle. Je joue au football car j'aime ça. Bien sûr, on ne gagne pas des cacahuètes et il y avait cette offre tentante de Chine, mais comme je l'ai dit, l'argent ne fait pas tout. Je veux gagner des titres et je l'ai dit dès le début : la Chine n'est pas une option pour moi."
Le club de son enfance, Fenerbahçe, a plusieurs fois tenté des approches ces dernières années : "Mes amis et ma famille me poussent à y aller. Mais j'ai un contrat avec Arsenal et je ne pense pas à la Turquie ou à d'autres championnats. Je me sens très bien ici. On verra ce qui se passera dans le futur".
Souvent comparé à Dennis Bergkamp, le joueur allemand de 28 ans est naturellement flatté : "Je veux toujours contrôler le jeu, donner la passe décisive et aider l'équipe. À mon poste, vous avez plusieurs possibilités. Demander la balle, faire des passes, marquer... Le poste de 10 me va bien, je le pratique depuis mon plus jeune âge. Bien sûr, cette comparaison me fait honneur. Bergkamp est une légende vivante, mais je préfère ne pas être comparé à d'autres. Je suis fier de ces comparaisons, mais je suis Mesut Özil."