En s'imposant dans le onze de l'Olympique de Marseille à seulement 18 ans, Maxime Lopez avait connu une trajectoire dont peu de jeunes issus du centre de formation marseillais pouvaient s'enorgueillir avant lui. Depuis Samir Nasri en 2005, aucun minot du cru n'y était parvenu sur la durée. Après s'être révélé aux yeux du grand public, on pressentait que la confirmation serait une période délicate pour lui. Elle intervient actuellement. Maxime Lopez vit la crise de croissance que tout joueur connaît après une explosion aussi soudaine qu'inattendue.
Titulaire indiscutable la saison dernière, Maxime Lopez avait enchaîné les bonnes performances. 35 matchs, 3 buts et 9 passes décisives plus tard, le Marseillais, qui a prolongé jusqu'en 2021 avec la revalorisation qui va avec, était lancé. Il abordait sa deuxième saison professionnelle dans les meilleures conditions. Mais avec la pression d'une immense attente autour de sa personne. Pilier à peine majeur d'un OM en reconstruction ce n'est pas la même chose que meneur sans expérience d'une équipe reconstruite. "Il ne doit pas se croire arriver", prévenait Rudi Garcia.
Non seulement, il était un pion essentiel du milieu à trois de son coach mais en plus, il était le porte-drapeau du projet des nouveaux dirigeants pour lesquels la formation est prioritaire. "En tant qu'enfant du pays et même si la route est encore longue, il est un jeune joueur de talent très apprécié des fans, à qui nous souhaitons donner sa chance pour devenir progressivement un homme de base de notre projet sportif. Au-delà, le message que nous entendons délivrer aux jeunes joueurs marseillais est que tout est désormais possible avec l'OM", expliquait Jacques-Henri Eyraud, le président du club.
Preuve de la confiance de l'état-major, aucun joueur n'a été recruté au milieu hormis Luiz Gustavo qui remplaçait numériquement William Vainqueur. Mais après une excellente préparation, Maxime Lopez a connu un début de saison mièvre. Deux petites passes décisives en tour préliminaire de Ligue Europa ne suffisent pas à sauver des statistiques faméliques en Ligue 1 (0 but, 0 passe). Quelques performances décevantes ont poussé Rudi Garcia à se passer de ses services de plus en plus régulièrement. A Monaco, il est entré à la pause alors que la débâcle était en cours. Quelques jours plus tard, contre Rennes, il est rappelé sur le banc durant la seconde période. La semaine dernière, le signal est encore plus clair. Il ne sort pas du banc contre Konyaspor en Coupe d'Europe puis se retrouve en tribunes à Amiens. Qu'est-ce qui explique ce déclassement ? D'abord la forme de Maxime Lopez qui n'a pas eu la même influence sur le jeu cet été. "On est à l'Olympique de Marseille donc il y a de la concurrence, explique Rudi Garcia. Moi, je ne donne la place à personne. C'est aux joueurs de la prendre. Tout le monde va se bouger pour gagner sa place et on va avancer comme ça. Plus j’aurai de solutions plus j’aurai des insomnies pour faire mon équipe."
Il connait son premier grand obstacle
Maxime Lopez est également victime d'un changement tactique. Rudi Garcia est passé à deux milieux axiaux dans un 4-2-3-1. Pour occuper le poste aux côtés de Luiz Gustavo, Lopez n'a pas le profil. Garcia lui a préféré Bouba Kamara puis Zambo Anguissa. "Ceux qui font gagner des matches ont plus de chance de débuter, confirme Rudi Garcia. La concurrence fait avancer. Les joueurs doivent le prendre comme ça. Aucun d'entre eux ne jouera tous les matches. J'ai besoin de tout le monde." Cette option tactique, qui replace Dimitri Payet dans l'axe, est-elle amenée à durer ?
À 19 ans, Maxime Lopez n'est évidemment pas condamné. Mais en interne, on le dit touché par cette situation qu'il découvre. Jusqu'ici son chemin était immaculé. Ce garçon qu'on présente comme équilibré, mature et très bien entouré, se pose des questions. Mais il n'a pas perdu sa joie de vivre ni son énergie. A l'entraînement, il serait même plutôt du genre à redoubler d'efforts pour que cette situation ne perdure pas. Elle était pourtant prévisible mais il doit digérer son nouveau statut et tout ce qui l'accompagne. Les éloges, les sollicitations et les rumeurs. Comme celle de la presse espagnole qui assurait que le FC Barcelone le suivait de près. Pour ce fan d'Iniesta, il y a de quoi avoir la tête qui tourne.
L'international Espoirs va devoir se remettre en question et cravacher. Désormais, il n'est plus le minot sur lequel on ferme les yeux. Dès qu'il en aura l'occasion, Lopez devra retrouver son niveau. Entre la réception de Toulouse et le déplacement à Salzburg, il aura sans doute l'opportunité de montrer qu'on peut compter sur lui. C'est dans ces moments-là qu'on verra dans quel bois il est taillé. Après avoir atteint "son rêve d'enfant", pour Maxime Lopez, le plus dur commence...