A la LFP, on insiste sur les chiffres positifs de l'exercice 2016-2017, avec une affluence moyenne de 21 208 spectateurs en Ligue 1, soit une hausse de 1,5% par rapport à la saison précédente, malgré un contexte sécuritaire compliqué, compte tenu de la menace terroriste.
"Si on fait la somme Coupe de la Ligue, Ligue 2 et Ligue 1, on est a peu près à 11,5 millions de spectateurs qui se sont rendus dans nos stades. Le football français reste le premier spectacle vivant en France en nombre de clients", souligne Olivier Jaubert, le directeur commercial de l'instance.
La marge de progression demeure cependant importante. La moyenne de 21 208 spectateurs en Ligue 1 la saison passée est inférieure à celle de 2014-2015 (22.362).
"Le taux de remplissage de nos stades est toujours autour de 70% en L1, là où il est à 90% et au-delà en Allemagne et en Angleterre. On a un gros travail à faire encore", convenait d'ailleurs Didier Quillot, le directeur général de la LFP, mi-juin.
Tout cela alors que de nouveaux stades de grande capacité ont ouvert leurs portes à Lille (2012), Nice (2013), Bordeaux (2015) et Lyon (2016), à l'approche de l'Euro-2016 disputé en France.
'Une période de latence'
"Les nouveaux stades sont hyper importants, mais ça va peut-être mettre deux ou trois saisons pour totalement augmenter la moyenne de spectateurs dans ces stades-là", explique M. Jaubert.
"On est dans une période de latence où il faut apprendre à utiliser ces stades", abonde Boris Helleu, maître de conférences à l'Université de Caen.
Depuis la livraison du stade Pierre-Mauroy à Lille, l'affluence moyenne y a chuté, passant de 40 593 personnes en 2012-2013 à 29 487 spectateurs en 2016-2017. A Lille, "il y a un effet de nouveauté avec le stade qui a provoqué une affluence assez forte avant que cela s'effrite et qu'on revienne à une réalité plus quotidienne", estime Boris Helleu.
"Les grands stades ont globalement été bien conçus et correspondaient au cahier des charges de l'UEFA pour l'Euro. Du point de vue de l'UEFA ils n'ont pas été surdimensionnés, du point de vue de la hiérarchie urbaine, peut-être. L'organisation urbaine française est spécifique avec 10 millions de personnes en région parisienne et très très peu de grandes villes derrière à l'échelle européenne. Nos clubs se comparent à des clubs équivalents au niveau européen, mais souvent la trame urbaine n'est pas la même", analyse ce spécialiste.
Le Losc a aussi perdu de sa superbe au classement, avec une onzième place la saison passée. L'attente est donc forte autour du nouvel entraîneur, le charismatique Argentin Marcelo Bielsa. Va-t-il à nouveau ramener du beau jeu et des spectateurs, comme il l'avait fait au Vélodrome, quand il dirigeait l'équipe de Marseille (2014-2015) ? A Lille, on assure que les ventes d'abonnements partent sur de meilleures bases que la saison passée.
Un plafond ?
L'autre atout de L1 cette année est le retour dans l'élite de Strasbourg et son fervent public de La Meinau. En moyenne, ils étaient plus de 17 000 l'an passé à suivre les performances de leur club à domicile, en deuxième division. Et avec 14 000 abonnés cette saison, les Strasbourgeois ont déjà battu leur record. "En Alsace le dépôt de bilan en 2011 a été vécu comme un drame et depuis six ans il y a une attente et une ambiance incroyables", témoigne le président Marc Keller.
Pour autant, peut-il vraiment y avoir un effet Bielsa ou Strasbourg pour tirer significativement les affluences vers le haut ? C'est "toujours très difficile de faire des projections", répond prudemment Olivier Jaubert. Le chercheur Boris Helleu est lui aussi circonspect et "observe une sorte de plafond aux alentours de 20 000-22 000 spectateurs".
Selon lui, la question principale "c'est l'amélioration de l'expérience au stade, des à-côtés pour attirer une clientèle déconnectée de la passion du foot", un public plus divers et familial, alors que la France a une "culture du foot et du stade assez limitée en dehors du simple champ des supporters".
L'"expérience stade", c'est d'ailleurs un des chantiers sur lequel travaille la Ligue depuis plusieurs mois. Le 10 juillet, elle a rendu publique une vaste étude réalisée auprès de 36 000 spectateurs pour obtenir leurs avis sur l'accès au stade, l'accueil, la sécurité...
Dans l'ensemble, le niveau de satisfaction progresse, même si l'accessibilité en voitures ou en transports en commun pose encore problème et que la LFP veut travailler avec les clubs pour améliorer "la restauration et les animations".