Dans la nuit de mardi à mercredi (1h30), l'Argentine va une nouvelle fois jouer une partie de son avenir dans l'optique de la Coupe du Monde 2018 en Russie, face au Venezuela. Après le match nul terne face à l'Uruguay pour la première officielle de Jorge Sampaoli à sa tête (0-0), 'l'Albiceleste' devrait proposer un visage plus offensif et en accord avec l'image dont bénéficie l'ancien entraîneur du FC Séville. Sampaoli possède d'ailleurs une singularité, la même que son trio aligné contre l'Uruguay - Messi, Dybala, Icardi : il n'a jamais pu exercer sa profession en première division Argentine.
Formé comme joueur au Newell's Old Boys, Jorge Sampaoli n'a jamais pu franchir le cap afin de devenir professionel. Cependant, c'est à Newell's qu'il a entamé sa carrière de coach, s'occupant des équipes de jeunes avant d'en devenir le coach principal en 2002. Par la suite, il a beaucoup exercé au Pérou (6 ans), ainsi qu'en Equateur et au Chili (club et séléection nationale). Plus récemment, il a vécu sa première expérience en tant qu'entraîneur en Europe, prenant la sucession d'Unai Emery au FC Séville avec un certain succès dans la manière car le club andalou a longtemps été à la lutte avec le Real et le Barça la saison passée avant que Séville connaisse une baisse de régime générale au printemps. Depuis, il a pris le rôle de sélectionneur de l'Argentine, qu'il ne pouvait pas refuser selon lui, et cette nuit, il dirigera son premier match à domicile au Monumental de Buenos Aires. De quoi avoir la pression ? "Peu importe comment ils me reçoivent, ce que j'espère, c'est que les gens encouragent et aident l'équipe, que les fans soient du côté des joueurs. Comme on dit toujours, il est très facile d'aimer quelqu'un qui gagne. ce qui est difficile est de supporter quelqu'un pour qu'il gagne", a-t-il répondu aux médias en conférence de presse.
La relation de Lionel Messi avec l'Argentine est plus compliquée. Il a été considéré durant longtemps comme un étranger à la sélection, au pays, en opposition à Carlos Tevez, le joueur du peuple. Le niveau de la 'Pulga', pas toujours aussi performant qu'au Barça n'a pas aidé. Cependant, l'évolution est réelle depuis quelques années. Et pour cause, avec Messi comme leader technique et capitaine, 'l'Albiceleste' a disputé trois finales de suite (Mondial 2014, Copa America 2015, 2016), même si à chaque fois, elle a dû s'incliner face à l'Allemagne et au Chili. Il avait même annoncé sa retraite internationale après l'échec face au Chili, alors dirigé par Sampaoli, avant de revenir quelques jours après sur sa décision : "Je vois qu'il y a beaucoup de problèmes dans le football argentin et je ne veux pas en créer un autre. J'ai sérieusement pensé à laisser tomber mais j'aime trop mon pays et ce maillot. Il y a des choses à régler dans notre football et je préfère le faire de l'intérieur plutôt que de critiquer de l'extérieur", reconnaissait-il à l'époque.
Paulo Dybala, jugé comme l'"héritier" de Messi, n'a également pas joué en première division Argentine, passant directement de la Primera B Nacional, avec Instituto de Córdoba, à Palerme en Italie, avant de rejoindre la Juventus Turin, club auquel il semble lié fortement comme peut le supposer le fait d'avoir pris la décision de porter le numéo 10 cette saison. Un choix symbolique vu son importance au sein de l'équipe italienne qui a vu des joueurs comme Omar Sivori, Michel Platini, Roberto Baggio et Alessandro Del Piero. En sélection, le natif de Laguna Larga n'a pas encore donné sa pleine mesure mais son sélectionneur ne doute pas de sa qualité et l'a expliqué en conférence de presse : "Dybala a un grand potentiel qui se manifeste dans son club et a également une capacité à marquer des buts, ce dont nous avons besoin. Il peut beaucoup nous apporter", a jugé Sampaoli.
De son côté, Mauro Icardi, qui a évolué au Barça, n'a pas eu la possibilité d'évoluer en première division Argentine et demeure aujourd'hui comme un joueur sur lequel compte Sampaoli, notamment à travers sa capacité globale à jouer. Sa sélection répond à un besoin selon l'ancien entraîneur du FC Séville : "La convocation d'Icardi est en relation avec ce qu'il s'est passé ces derniers temps dans la sélection", a expliqué Sampaoli; "Nous avons besoin d'un attaquant qui, en plus de marquer des buts, a la capacité de donner des passes." Passé par le Barça, Icardi a joué avec Messi, assistant à son émergence en Juvenil B. En 2011, il a quitté l'Espagne pour l'Italie et la Sampdoria, avant de confirmer sont talent à l'Inter Milan, dont il est sans le moindre doute l'attaquant de référence et meilleur joueur. Ayant conservé quelques automatismes du jeu du Barça, Icardi pourrait être un associé de premier ordre pour Lionel Messi, dont l'association avec Paulo Dybala n'est pas certaine. "Il est très difficile d'éviter la Messi-dépendance, celui qui sait qu'il a le meilleur du monde, le recherchera toujours. Il lui arrive plus de ballons que les autres car il peut faire la différence par lui-même. On doit le trouver au moment où il peut développer cette capacité. Et nous devons rechercher des associations : Leo avec Di María, Banega, Dybala, Icardi ... Ils doivent commencer à se connaître et à profiter de cette capacité", a jugé Sampaoli.
Afin de purger les doutes que connaît l'Argentine, Messi sera important et établir un modèle de jeu qui permet l'expression maximale de ses qualités est un enjeu crucial pour la sélection 'albiceleste'. Face au Venezuela, cette nuit, l'équipe devrait présenter un visage plus offensif par rapport à celui affiché contre l'Uruguay selon Olé. Ainsi, Messi devrait être placé devant un trio Pizarro, Dybala, Banega et derrière une attaque Acosta-Icardi-Di Maria, en tant que meneur de jeu. Cinquième de la zone Amérique du Sud dans ces qualificatons pour le Mondial 2018, l'Argentine joue contre le temps.