"On va pouvoir retrouver notre domicile, notre chez nous". Ce vendredi, pour la réception de Monaco (20h45), Régis Gurtner et ses partenaires seront de retour au stade de la Licorne, fermé depuis le 30 septembre dernier suite à l'effondrement d'une barrière dans l'espace visiteurs, lors d'Amiens-Lille (qui sera rejoué lundi prochain, ndlr). Un semi-événement pour les Picards (17è) qui restent sur une série de quatres matches sans défaite toutes compétitions confondues.
Amiens de retour à La Licorne
La LFP a donné son aval pour que vous puissiez retrouver le stade de La Licorne, comment avez-vous pris la nouvelle ?
Régis Gurtner : Ça faisait un mois et demi qu'on devait jouer à l'extérieur. On va pouvoir retrouver notre domicile, notre chez nous. C'est important pour nos supporters, on a vraiment hâte de retrouver nos repères dans le vestiaire, dans le stade et sur le terrain.
Avez-vous trouvé le temps long malgré le fait que vous n'ayez eu qu'un match délocalisé au Havre à disputer durant cette période ?
Il y a eu les trêves internationales, donc je dirais qu'on ne l'a pas trop ressenti. On s'attendait à disputer de nombreux matches à l'extérieur au vu du calendrier. On s'était même préparés à ce que ce soit plus long et on est vraiment contents que la décision soit tombée pour qu'on puisse rejouer si vite chez nous. C'est un soulagement pour tout le club, la région et les supporters qui vont pouvoir revenir au stade, à Amiens.
Bernard Joannin, le président, a été l'un des premiers à devoir faire face aux critiques après sa réaction à chaud le soir des événements. Avez-vous trouvé certaines remarques injustes à son égard ?
La Ligue 1 est très médiatisée, à partir de là on savait que ça aurait de l'écho en France voire à l'étranger. Notre président a parlé sous le coup de l'émotion. Il s'est excusé quelques jours après et a reconnu son erreur devant nous et les médias. Beaucoup de choses ont été dites. Ce n'était pas forcément injustes, mais certaines personnes ont pu être blessées par tout ça. Les joueurs bien sûr, mais surtout les gens du club, les supporters et la ville.
Cet événement a fait qu'on a soudainement arrêté de parler de football autour d'Amiens, est-ce quelque chose que vous regrettez ?
On vit une saison magique parce que c'est la première d'Amiens en Ligue 1. On ne veut parler que de foot. Cet événement a fait de l'ombre à ce qu'on peut faire en Ligue 1 et ce qu'on fait de bien au club depuis deux ans. Cette histoire de barrière a un peu entaché l'image du club alors que tout se passe bien ici. On veut donner du plaisir aux supporters. On s'est attachés à le faire pendant cette période et c'est ce qu'on va continuer à faire pour obtenir notre maintien, même si on sait que ce sera très compliqué.
Votre regard va forcément se poser sur cette tribune vendredi soir, des images vont-elles ressurgir à ce moment-là ?
Quand on va rentrer sur le terrain, on aura sans doute une pensée pour les supporters qui ont été blessés, et ceux pour lesquels ça a pu engendrer un traumatisme. Ce sont des moments dont on se souvient, et dont on se souviendra encore longtemps, mais on aura un match compliqué à jouer, trois jours avant celui contre Lille où les supporters lillois seront peut-être présents. On espère que tout se passera bien et qu'on pourra grapiller des points sur ces deux matches.
"À Amiens, il y a une équipe et un collectif qui a faim" Le groupe a-t-il prévu quelque chose pour cette rencontre, un geste symbolique ?
Je ne suis au courant de rien. Peut-être que le club a prévu quelque chose, mais vu que la décision n'est tombée que mercredi, ça ne laisse que peu de temps pour ça.
On devrait assister à une belle communion avec le public vendredi, dans un stade à guichets fermés...
On s'attend à jouer pratiquement tous les matches à guichets fermés, surtout qu'une tribune est fermée pour rénovation. On a su créer un lien avec les supporters depuis maintenant deux saisons, et ils répondent présents pour nous soutenir. C'est important pour emballer les matches, prendre des points et espérer renverser Monaco.
Affronter Monaco, le champion de France en titre, est déjà un événement en soit. Mais l'est-il encore plus dans ces conditions ?
Il y a deux ans, on recevait Fréjus et Épinal à La Licorne. Sans dénigrer ces équipes, Monaco c'est autre chose. Les billets ont été vendus en quelques heures, ça montre l'engouement et ce qui nous attend pour ce match face au champion en titre. Ce sera l'une de nos grosses affiches de notre saison. On mesure la chance qu'on a de jouer ce genre de matches. On va arriver sur le terrain avec beaucoup de plaisir, en ayant en tête de faire une belle performance.
Il y a deux ans, Amiens était en National et Monaco disputait déjà la Ligue des champions. Aujourd'hui, vous êtes dans la même division, mais la marge entre les deux clubs semble encore importante...
C'est clair qu'entre eux et nous, il y a grande marge d'écart. Monaco a beaucoup d'expérience à tous les niveaux, que ce soit en Ligue 1 ou en Ligue des champions. Nous, on est montés avec nos moyens et notre début de saison a été un petit peu compliqué. On l'a vu lors des premiers matches, mais aujourd'hui l'effectif commence à se dévoiler.
Le fait d'être le petit au pays des grands n'est-il pas difficile à vivre à certains moments ?
On a peut-être été un peu impressionnés sur les premiers matches, mais maintenant qu'on est ancrés dans ce championnat, on n'a pas grand chose à envier à une douzaine d'équipes. On l'a vu contre Guingamp (1-1), Montpellier (1-1) et Strasbourg (0-1), où on a fait jeu égal. Amiens ne fait peut-être pas peur à beaucoup de monde, mais il y a une équipe, un collectif et des joueurs de qualité. On veut le montrer et prouver chaque week-end que ce sera difficile de nous battre parce qu'on a faim et qu'on a envie de disputer une nouvelle saison en Ligue 1.
"Jouer Monaco, le PSG ou Lyon, c'est toujours particulier". À titre personnel, vous venez d'être élu meilleur joueur amiénois du mois d'octobre. Vos prestations sont dans la lignée de vos deux premières saisons au club...
Je travaille pour être performant et garde cette ligne de conduite depuis le début de ma carrière. C'est la troisième année que je suis à Amiens et on travaille vraiment bien avec Olivier Lagarde, l'entraîneur des gardiens. Je progresse à ses côtés et grâce au projet du club qui m'a fait confiance en allant me chercher il y a trois ans pour me relancer. Aujourd'hui, on se retrouve en Ligue 1. Avec le club, on ne se fixe aucune limite, et pour moi c'est la même chose. Je dois continuer à être performant, à jouer, et prendre du plaisir.
Avez-vous dû améliorer certaines choses pour vous mettre au niveau de la Ligue 1 ?
On s'adapte au niveau auquel on joue. On travaille encore plus chaque jour, pour être plus performant chaque week-end. Nous, les gardiens, on progresse à tout âge et je sais que dans mon cas j'ai encore une grosse marge de progression. Même à 35 ans, je pense que je progresserai et j'ai encore beaucoup de choses à travailler pour progresser.
Cette marge de progression est à l'image de votre équipe qui reste sur quatre matches sans défaite toutes compétitions confondues. Avez-vous le sentiment que quelque chose a changé ces dernières semaines ?
Je le répète, mais je pense qu'on a peut-être été un peu impressionnés par tout ce qui se passe autour de la Ligue 1. Maintenant, on aborde les matches sans se prendre la tête. Le groupe a une grosse marge de progression collectivement et individuellement. On reste sur quatre matches sans défaite, mais il faut toujours avoir envie de plus pour espérer continuer cette série. Si elle doit s'arrêter vendredi, elle s'arrêtera. C'est comme ça. Mais il faudra en enchaîner une autre, et ainsi de suite, comme on a déjà su le faire.
Un gardien doit se remettre en question à chaque match, savoir faire le vide. Mais vendredi, contre Monaco, vous allez certainement devoir être encore meilleur pour faire face à l'armada offensive monégasque...
Jouer Monaco, le PSG ou Lyon, c'est toujours particulier. Ce sont des équipes qui ont des joueurs de classe mondiale. Ce sont souvent eux qui font la différence, mais ce match n'est pas spécial pour moi. L'équipe devra être performante collectivement. On va devoir répondre présents et ce sera à moi de faire les arrêts décisifs en restant concentré toute la rencontre.
Radamel Falcao est de retour. Faire face ce genre d'attaquant est aussi un vrai test pour vous et l'équipe...
C'est clair qu'on prend beaucoup de plaisir à jouer contre des attaquants comme Cavani, Falcao ou Diaz. Ce sont des top joueurs, qui ont toujours envie de faire mieux, de marquer davantage. On a un grand respect pour eux, mais une fois sur le terrain, c'est simple. On fait tout pour ne pas prendre de buts.
Propos recueillis par Benjamin Quarez